Les 4e6 à la maison de la rivière

Mardi 13 décembre 2022 : une journée d’école en extérieur, rafraîchissante mais surtout très enrichissante ! Dans le cadre des projets Jeunes reporters des arts , des sciences et de l’environnement (en partenariat avec Océanopolis) et Graines de reporters scientifiques (en partenariat avec Tara Océan), les élèves de la 4e 6 du collège Antoine de Saint Exupéry se sont rendus à la maison de la rivière à Sizun.

Nicolas Kermarrec les a accompagnés toute la journée le long d’un parcours nature au cours duquel il a abordé de nombreux sujets autour du bassin versant de l’Elorn. La journée a débuté par un petit tour dans la tourbière du Mougau avec un résumé de l’histoire géologique des Monts d’Arrée et la présentation de quelques espèces caractéristiques de ce biotope.

Un petit arrêt devant l’allée couverte pour rappeler l’importance de ce patrimoine mégalithique breton, puis nous voilà partis à la recherche de frayères de salmonidés. Pas facile de les repérer mais Nicolas nous a demandé de bien observer les cailloux dans le Mougau et de repérer des zones plus claires, avec une dépression. Une fois repérée, nous avons compris pourquoi les salmonidés construisaient ainsi ces zones de reproduction. Notre sujet de projet repose sur le cycle de vie du saumon Atlantique et plus particulièrement sur les conséquences du réchauffement climatique sur ce poisson migrateur ,emblématique de Bretagne et intrigant de par sa capacité à vivre en eau douce et en eau salée. Nous avons découvert une zone de capture qui sert à compter les poissons pour suivre l’évolution de la population mais malheureusement ce matin, nous n’avons pas fait de capture, et Nicolas nous l’a répété à plusieurs reprises : « c’est inquiétant, nous n’avons compté que 15 truites alors que l’an passé, à cette même période, nous en avions comptées 280 ! ». Après un petit nettoyage des grilles pour retirer les feuilles mortes, les branches cassées, nous avons pris la direction du barrage du Drennec. Cette construction de 40 ans est vraiment imposante avec ses 300 m de long et 35 m de hauteur. Nicolas nous a expliqué le rôle de ce barrage et son fonctionnement, mais là encore une inquiétude car le niveau du lac est bas, il manque au moins 3m de hauteur d’eau pour assurer son bon fonctionnement pour l’été 2023. Ne l’oublions pas , 1 Finistérien sur 3 consomme de l’eau qui provient de l’Elorn grâce à ce barrage. En hiver, le lac se remplit puis en été, on lâche de l’eau ; ainsi le barrage et le lac permettent de soutenir le débit de l’Elorn lors de l’étiage.

Après cette matinée, bien chargée, nous sommes retournés à la maison de la rivière pour savourer, au chaud, notre pique-nique zéro-déchet puis à l’aide de diapositives, nous avons appris à reconnaître les différentes étapes de la vie du saumon. M. Guérin a pensé que nous pourrions construire une carte Pokémon de ce salmonidé, tant ses pouvoirs sont nombreux et parfois méconnus : il est capable de faire 10 000 km pour retrouver sa rivière natale en s’aidant de son odorat, sa chaire se colore en orange à cause de la carotène contenue dans les crevettes qu’il consomme. Il se métamorphose à plusieurs reprises au cours de sa vie, se smoltifie (eh oui, nous avons découvert un vocabulaire très scientifique) lorsqu’il rejoint la mer afin d’assurer sa respiration et sa survie en milieu salé.D’ impressionnantes transformations jusqu’à l’atrophie de son estomac pour laisser de la place aux organes génitaux qui assureront ainsi la production des gamètes (ovules et spermatozoïdes) et ainsi assureront la pérennité de l’espèce. Pour faire simple, nous pourrons résumer que suite à une fécondation externe, des œufs vont éclore dans les frayères pour donner naissance à des alevins. Ces alevins grandissent et deviennent des tacons puis des smolts (qui rejoignent la mer) pour vivre leur vie de jeunes saumons qui se développeront pour atteindre la maturité sexuelle et deviendront des saumons adultes aptes à se reproduire. Sauf que…avec le réchauffement climatique, seuls 5 tacons sur 100 reviennent et ils sont tous petits, ont des taux de graisse très bas car il y a des manques en mer, moins de nourriture disponible , les ressources ont elle aussi migré ; les axes migratoires ont changé donc parfois les distances à parcourir sont plus longues, ce qui demande aussi encore plus d’énergie aux saumons . Après la visite de la maison de la rivière et quelques rappels sur le fonctionnement du bassin versant grâce à la maquette, nous sommes repartis à la recherche de frayères après avoir posé un nichoir. La journée s’est terminée à la pisciculture pour comprendre le fonctionnement de cette mesure compensatoire du barrage. Ainsi, en faisant se reproduire 3 femelles prélevées dans le milieu sauvage, environ 3000 œufs vont se développer dans les clayettes puis les alevins seront relâchés en milieu naturel . Pour suivre ces alevins, leur nageoire adipeuse a été coupée, ainsi lors du comptage (grâce à la vidéo de capture), ils seront repérés et ainsi l’évolution de la population est réalisable. Cette pratique a permis de constater un bon taux de retour sur la zone de naissance puisque sur les 10 000 alevins, 220 à 230 retours sont effectués.

Même si le début de vie de ces saumons se passe en bassin, cela ne gêne en rien leur survie en milieu naturel , ils sont sauvages d’un point de vue génétique et cet élevage permet de compenser les dégâts faits par le barrage qui bloque la remontée des saumons. Enfin, nous nous sommes questionnés sur la pêche et ses conséquences, Nicolas nous a alors clairement expliqué que la pêche à la ligne était très réglementée et que même si les quotas avaient été revus à la baisse, de toutes façons, les pêcheurs à la ligne n’en capturaient pas beaucoup car c’était difficile de capturer un poisson qui ne mord pas puisqu’il ne se nourrit plus en rivière ; en revanche, la pêche avec les filets est davantage à remettre en question quant à ses prises, à la quantité de saumons pêchés, à leur taille…une piste que nous pourrons explorer par la suite en allant, pourquoi pas, interviewer un pêcheur professionnel. Tout au long de cette journée, nous avons également enregistré les sons de la nature puisque notre objectif est de réaliser un podcast sur la vie du saumon d’Atlantique.

M. Guérin (Histoire-géographie) Mme Coléou (SVT)